Les effectifs en protection et contrôle des postes : Un travail de longue haleine, partie 2
Comme l’a montré la conversation qui s’est déroulée lors du forum « Pulse of the Industry » du séminaire sur la protection 2025, la formation d’une main-d’œuvre qualifiée dans le secteur de la protection et du contrôle des postes électriques reste une préoccupation majeure. La demande en talents s’accroît, mais la qualification des techniciens reste un défi de taille pour les nouveaux employés que pour les employeurs.
Jetés dans le grand bain
L’un des participants a déclaré qu’il y avait un décalage entre les formations académiques et la réalité du travail dans la protection et le contrôle des postes :
« J’ai décroché un diplôme en génie électrique. Avant de me retrouver dans le poste de contrôle d’un poste électrique, je n’avais jamais vu un vrai relais. »
Cette histoire n’est pas unique. Plusieurs personnes ont expliqué que leur cursus universitaire traitait tant de sujets différents qu’ils « n’ont eu qu’un seul cours sur les relais, mais sans en voir un dans la réalité ».
Les nouvelles recrues du secteur de la protection et du contrôle des postes électriques se trouvent souvent dans une situation délicate : elles subissent la pression d’apprendre rapidement tout en cherchant à contribuer activement, alors qu’elles sont encore en phase d’apprentissage. Le consensus était clair : les futurs ingénieurs doivent être davantage exposés aux relais pendant leurs études, afin de faciliter leur intégration professionnelle et de soutenir la rétention des talents au sein des entreprises.
Se constituer une expérience pratique : Laboratoires et apprentissages
Certaines organisations investissent dans des environnements de formation pratique. Un participant a décrit une approche proactive :
« Nous avons conçu un laboratoire regroupant plusieurs racks de protection – ligne, disjoncteur, transformateur, etc. – pour reproduire les principaux schémas rencontrés en exploitation. Tous les nouveaux ingénieurs ou techniciens utilisent ce laboratoire pour tester les réglages des relais. Nous les connectons également à des équipements extérieurs qui sont en quelque sorte « factices ». Il nous a permis d’aider ces ingénieurs débutants à comprendre les réglages, pourquoi sont-ils utilisés et comment ils protègent le système. »
Cette expérience immersive est inestimable. Elle permet non seulement d’accélérer l’apprentissage, mais aussi de clarifier les objectifs et la fonction des systèmes et programmes de protection. Les programmes d’apprentissage, bien que rigoureux, constituent des cadres structurés favorisant la montée en compétence des équipes, à condition d’être soutenus par un encadrement de qualité et des attentes clairement formulées.
Mentorat sur le terrain : Apprentissage par la pratique
Le mentorat est apparu comme un autre sujet essentiel. Un des participants a proposé un modèle simple, mais efficace :
« Débutant, ma manière d’apprendre était simple, l’ingénieur senior m’a dit “fais ce qu’il y a à faire, puis je vérifie tout”. C’était mon premier jour sur le terrain. Il poursuit son enseignement en contrôlant mon travail, ce qui me permet d’apprendre tout en lui donnant l’occasion de transmettre ses connaissances, directement sur le terrain. »
L’apprentissage pratique, guidé par un professionnel chevronné, peut véritablement changer la donne. Elle favorise la responsabilisation, renforce la confiance et garantit que les connaissances sont transmises dans des situations concrètes.
Initiation anticipée : Valoriser les talents de demain
L’idée la plus novatrice est peut-être venue d’une compagnie d’électricité opérant dans une région rurale :
« Deux années de suite, nous avons organisé des visites du site pour des lycéens de la région, leur donnant l’opportunité de manipuler un relais de blocage, un panneau… L’objectif est de leur donner envie de s’intéresser à ces métiers. »
Cette initiative souligne que le développement des compétences professionnelles ne passe pas forcément par l’obtention d’un diplôme. En collaborant avec les écoles locales et les collèges, les services d’électricité peuvent éveiller l’intérêt dès le départ et former un vivier de futurs techniciens et ingénieurs maîtrisant déjà les bases de la protection et du contrôle des postes électriques.
Anticiper
Les discussions du forum « Pulse of the Industry » mettent en évidence que l’avenir de la protection et du contrôle des systèmes repose sur un développement réfléchi et collaboratif des compétences de la main-d’œuvre. Les universités doivent intégrer des outils du monde réel dans leurs programmes d’études. Les services d’électricité doivent investir dans les laboratoires, l’apprentissage et le mentorat. Le secteur dans son ensemble doit s’engager auprès des jeunes bien avant qu’ils n’entrent sur le marché du travail.
Informations complémentaires :
Publication originale dans le bulletin d’informations The Relay™. S’abonner sur LinkedIn.