Une carrière dans l’industrie électrique : une suite de questions/réponses avec Simon Sutton – Partie 1
Les cheminements de carrière ne sont pas toujours linéaires dans l’industrie électrique. Simon Sutton, nouveau Directeur des solutions techniques EMEA de Doble, en est parfaitement conscient. Avec sa formation technique en câbles et sa participation proactive à des groupes de travail de ce secteur, Simon met l’accent sur le renforcement des relations avec les client et recherche des façons innovantes de collaborer avec ces derniers. Impatient d’en savoir plus sur son travail dans l’industrie électrique, nous avons pris le temps de discuter avec Simon pour qu’il nous parle de son expérience.
Qu’est-ce qui vous a amené dans l’industrie électrique ?
Je n’ai pas activement mené ma carrière pour rejoindre l’industrie électrique. J’avais déjà travaillé sur quelques projets de recherche sur les propriétés des matériaux en présence de très hautes tensions lorsque j’ai déposé ma candidature pour un poste postdoctoral à l’université. Ce poste était commandité par une société de transport d’énergie. Tout d’un coup, je me suis retrouvé à passer un entretien pour la société commanditaire et non l’université. J’ai fini par gérer le projet pour lequel j’avais postulé. La suite, vous la connaissez.
Quels accomplissements, conseils extérieurs ou événements ont le plus marqués votre carrière ?
Quelques faits sont particulièrement marquants dans ma carrière. Passer deux ans au Japon a été extraordinaire. Je suis extrêmement reconnaissant que l’on m’ait proposé ce poste. Choisir de quitter National Grid (fournisseur d’énergie britannique) après près de 12 ans et de sortir de ma zone de confort pour être plus proche du client et des questions de marketing n’a pas été une décision facile. Cette progression en terre inconnue a été très profitable, j’ai pu développer de nouvelles compétences qui m’ont permis de saisir d’autres opportunités. J’éprouve également une grande fierté lorsque je constate que les personnes qui travaillent avec moi depuis des années ont progressé. En tant que responsable, être témoin de ce changement est l’un des aspects les plus motivants.
Mon engagement constant auprès du CIGRE m’a également ouvert de nouvelles portes, m’a permis de me faire des contacts et de nouveaux amis, et a été très instructif sur le plan technique. Aujourd’hui, je représente le Royaume-Uni auprès du Comité d’étude D1 (Matériaux et Techniques de Test Émergentes) qui contribue au travail de nombreux autres comités en proposant des données techniques sur les propriétés, le vieillissement et les tests de matériaux solides, liquides et gazeux. Au sein du Comité d’étude, je dirige le groupe consultatif sur les matériaux solides. Celui-ci propose des sujets d’études aux nouveaux groupes de travail et définit leur mandat, et donc leur champ d’application. Récemment, j’ai pris le poste de secrétaire d’un groupe de travail sur la corrosion. Nous y élaborons un guide destiné à aider les non-initiés à comprendre le mécanisme de la corrosion, ses causes et les solutions disponibles pour l’atténuer.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre travail ?
Bien que je ne sois pas chez Doble depuis très longtemps, j’y connais certaines personnes depuis de nombreuses années, j’y trouve donc un certain confort et une atmosphère familière. Le travail est très varié. C’est très motivant, chaque journée étant très différente de la précédente. Actuellement, je mène plusieurs initiatives en même temps. Celles-ci devraient apporter un meilleur service à nos clients et libérer des ressources internes pour qu’elles puissent se concentrer sur des activités plus productives et plus stratégiques. Ces deux projets vont avoir un impact majeur sur l’organisation et ses parties prenantes et constater des changements positifs est une grande source de satisfaction.
À votre avis, au cours des dix dernières années, quelle est l’avancée technologique la plus importante du secteur de l’électricité et l’énergie ?
Cette question n’amène pas de réponse simple, mais je dirais que la chute massive des coûts des panneaux solaires a été très impressionnante. Près de 60 % en dix ans. Outre l’impact sur les réseaux électriques des pays industrialisés, les communautés isolées dans certaines régions très pauvres du monde ont maintenant accès à une électricité économique et fiable. Cette situation transforme leur quotidien et augmente leur niveau de vie.
Quel est, à votre avis, le problème le plus important de l’industrie électrique actuelle et comment la technologie peut y remédier ?
Le rythme de l’évolution technologique est probablement le point le plus délicat. Dans une certaine mesure, la technologie est à la fois le problème et la solution. Les services d’électricité ont pris l’habitude d’évoluer dans un environnement dont les changements sont lents, et pourtant, les clients sont les moteurs de la croissance des panneaux solaires de toitures et des véhicules électriques. Cette situation a un impact considérable sur les réseaux de distribution. Dans un même temps, la production d’électricité renouvelable à grande échelle a un impact sur les réseaux de transport d’énergie électrique en forçant ceux-ci à être plus souples et réactifs. La technologie permet aux équipes de mieux observer ce qui se produit sur l’intégralité du réseau. Le déploiement de compteurs électriques intelligents est un exemple de problème immédiat qui peut, si tout va bien, apporter un gain certain à long terme.
Il convient également de signaler que la génération actuelle d’ingénieurs en électricité ne possède pas les compétences nécessaires pour relever les défis imposés par la numérisation des réseaux, notamment les « big data » et la sécurité informatique. Il va falloir soit former le personnel existant à ces évolutions soit orienter le recrutement dans la totalité du secteur pour attirer les candidats qui pourrons nous aider à relever ces défis.
Avez-vous des conseils pour les jeunes ingénieurs qui cherchent à faire carrière dans le secteur de l’électricité et de l’énergie ?
C’est le moment idéal pour passer dans le secteur de l’énergie – les choses vont tellement vite, la croissance des énergies renouvelables, la numérisation et les nombreuses évolutions des gestionnaires de réseau de distribution (GRD). Les organisations investissent massivement dans l’infrastructure de leur réseau pour assurer le bon fonctionnement de l’épine dorsale du réseau électrique. Ces changements offrent énormément d’opportunités à la génération à venir d’ingénieurs. C’est une occasion unique de travailler dans un environnement dynamique et motivant.
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